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GR® 54 : l'Oisans dans son écrin

Département
Hautes-Alpes
Durée
3 jours
Environnement
Montagne
Dénivelé
+2490m / -2935m
  • Jour 1
  • Jour 2
  • Jour 3
  • En bref
  • Conseils
  • Infos pratiques

Parmi les plus sportifs des Alpes, le GR® 54 - Tour de l'Oisans et des Écrins, long de 176 kilomètres, joue les traits d'union entre la montagne habitée et le monde des sommets englacés. En trois étapes, nous partons à la découverte du sud du massif, où l'accent qui chante cède au silence des hauteurs.

randonneur
Journaliste et accompagnateur en montagne, Johannes Braun partage son temps entre reportages pour des magazines spécialisés et encadrement de treks dans les Alpes. Tour à tour marcheur solitaire et passeur d’histoires, il trouve dans le voyage à pied un moyen de revenir à l’essentiel : la beauté de la nature et celle des rencontres.
Jour 1

Entre-les-Eygues > Pré de la Chaumette

refuge du Pré de la Chaumette (1800m) sur le sentier de grande randonnée GR®54, à l'arrière-plan la Pointe de Chabournéou (3250m) et la pointe de Verdonne (3328m) © Michel Cavalier / HEMIS

refuge du Pré de la Chaumette (1800m) sur le sentier de grande randonnée GR® 54, à l'arrière-plan la Pointe de Chabournéou (3250m) et la pointe de Verdonne (3328m). © Michel Cavalier / HEMIS

La veille du départ, à la Grange du bois

Il n'y a pas foule sur la place de Vallouise en cette fin d'après-midi. Quelques habitués assis en terrasse, une mère et sa fille qui entrent dans la boulangerie, une grappe de randonneurs sur le chemin du retour. Il paraît que l'hiver, quand les stations de ski sont ouvertes, ça grouille de monde. L'été, on y vient pour autre chose. Une soirée au calme avant de pousser la porte des Écrins. Car derrière le paisible village se cache l'un des massifs qui habitent les rêves de tout montagnard. Près de deux siècles après que les deux premiers guides de la vallée ont emmené le premier « étranger » au sommet du Pelvoux, les alpinistes du monde entier viennent à Vallouise pour ajouter les Écrins à leur palmarès. Nous aussi, à notre manière de marcheurs.

Jour 1 : d'Entre-les-Eygues au Pré de la Chaumette

Entre-les-Aygues : de l'ancien hameau d'estive des paysans de Vallouise, il ne reste qu'un tas de pierres posé au confluent des vallons des Bans et de la Selle. Un apollon flirte avec le torrent pour aller se perdre dans le vert des mélèzes. Nous suivons le papillon et traversons cette vaste plaine alluviale où végétal et minéral s'entremêlent. À peine avons-nous posé les pieds dans le vallon que le torrent se fait plus fougueux. Tombés des pentes environnantes, les blocs de gneiss essaient depuis des millénaires de lui barrer la route, sans succès. Plus haut, des bêlements. Alors que nous contournons le troupeau, le berger surgit d'entre deux rochers : « Ça va, la vie ? », lui ai-je lancé. « J'ai connu pire », me répond-il dans un bâillement souriant. Nous dépassons la cabane du Jas Lacroix quand la pluie commence à tomber. L'abri randonneurs, retapé par un bénévole de la vallée, tombe à point nommé pour un casse-croûte au sec. Le déluge passé, nous nous lançons à l'assaut du col de l'Aup Martin. Le sentier serpente dans l'alpage, pour aller chevaucher un verrou où le torrent, tombant en cascade, a usé la roche au point de former une arche. Jaillissant par ce trou après une chute d'une vingtaine de mètres, le tumulte blanchâtre entretient l'incessant tourbillon d'un bassin bleu glacier. La surprise est réciproque quand, sur l'ultime tache de verdure du vallon, nous tombons nez à nez avec un troupeau de vaches. C'est au son des meuglements que nous grimpons dans un versant rocheux dont les dalles marquées de profondes stries racontent le passé glaciaire du vallon. Enfin, le col apparaît. S'il n'y avait cette étroite trace qui lézarde la muraille de schiste, jamais on ne s'y aventurerait. Mesurant chacun de nos pas, nous nous hissons dans les terres noires. Ce n'est qu'une fois là-haut que nous prenons la mesure du paysage. Au-dessus de la verte vallée, les Écrins jouent dans le grandiose. Sublimés par leur couronne de glaciers, Pelvoux, Ailefroide et Bans surclassent le pic de Bonvoisin du haut de leurs presque 4 000 mètres. C'est suspendus au versant désolé du pic de la Cavale que nous effectuons la traversée vers le pas éponyme où le drapeau tibétain flotte au vent. Puis, d'un trait, nous plongeons de près de 1 000 mètres pour rejoindre le Pré de la Chaumette. À coups de sifflements stridents, les marmottes annoncent notre retour à la verdure. 

Jour 2

Pré de la Chaumette > Vallonpierre

La Chapelle-en-Valgaudemar, le lac et refuge de Vallonpierre (alt : 2271m) © Franck Guiziou / HEMIS

La Chapelle-en-Valgaudemar, le lac et refuge de Vallonpierre (alt : 2271m). © Franck Guiziou / HEMIS

En mettant le nez par la fenêtre ce matin, le paysage est pour le moins uniforme. Rien d'autre à l'horizon que l'épaisse brume qui englue le vallon. C'est donc à l'aveugle, guidés par le balisage blanc et rouge du GR®, que nous laissons le refuge du Pré de la Chaumette pour partir en direction du col de la Valette. La montée à peine entamée, des voix nous parviennent. D'abord etouffées, elles se rapprochent bientôt, laissant apparaître dix silhouettes, de tailles variables. Les familles Remus et Wiesler marchent en autonomie depuis près d'une semaine. Tandis que leurs six enfants caracolent en tête de cortège, les parents suivent à bon rythme. Nous prenons le train en marche. Au fil de la montée, le vent chasse la brume, dévoilant un vaste vallon pierreux fait d'anciennes moraines. Au col, les schistes noirs que nous avons laissés hier refont leur apparition. C'est le moment que choisit le soleil pour pointer ses rayons. Éclairées par la lumière encore rasante, nos silhouettes se détachent sur les pentes du vallon de Gouiran, comme pour nous indiquer le chemin. À pas prudents, nous descendons vers le petit lac pour rejoindre le deuxième des trois cols que nous franchirons aujourd'hui. De là-haut, la vue est plus belle encore. Ciselé par l'érosion, le vallon Plat étale sa succession de rides schisteuses où une herbe bien verte s'accroche tant bien que mal. Une à une, nous le chevauchons pour rejoindre la raide montée vers le col de Vallonpierre. Un nuage bienvenu nous accompagne, en nous faisant de l'ombre, le temps de nous hisser là-haut. Et c'est poussés par le vent que nous rebasculons vers le cœur du massif. Derrière le sommet des Bans, la Barre des Écrins pointe son impressionnante face sud. Dire qu'elle fut jusqu'à l'annexion de la Savoie, le point culminant de la France ! Je ne résiste pas à l'envie de gravir la centaine de mètres qui me sépare du pic de Vallonpierre. Depuis ce perchoir, ce sont tous les sommets du Valgaudemar qui s'offrent à mon regard. L'Olan au loin, le Sirac à portée de main, les Rouies droit devant, habillées de leur calotte de glace. La première fois que j'ai entendu ces noms, j'avais 6 ans et je découvrais ces montagnes. Deux chamois apparaissent soudain sur la crête pour filer à toute allure vers le versant abrupt. Je reviens sur mes pas pour rejoindre le sentier, la tête perdue dans mes souvenirs d'enfance. Le lac est toujours là, entouré d'énormes blocs marbrés de taches de lichens. Le refuge qui s'y reflète semble sorti de cette terre, tant il colle avec le paysage. Tout autour, les gamins profitent du dernier rayon de soleil pour jouer les bergers. Et quand la pluie se met à tomber à grosses gouttes, tout le monde se réfugie dans la salle commune. On allume le poêle, chacun s'occupe à sa manière autour d'un bol de tisane ou d'un verre de bière. Les Allemands jouent aux cartes, un groupe de guides italiens prépare l'ascension du lendemain. J'écris dans mon coin, Clémence croque Vallonpierre sur son carnet d'aquarelles pendant que Guillaume, seul dans sa cuisine, nous prépare un repas de rois.

Jour 3

Vallonpierre > La Chapelle-en-Valgaudemar

La Chapelle-en-Valgaudemar, reflet du Sirac (3441m) sur le lac du Lauzon (2008m) © Michel Cavalier / HEMIS

La Chapelle-en-Valgaudemar, reflet du Sirac (3441m) sur le lac du Lauzon (2008m). © Michel Cavalier / HEMIS

Le soleil éclaire tout juste le sommet du Montagnon quand nous quittons le refuge. Après la pluie d'hier, l'air est cristallin. Pas un souffle de vent ne vient rider la surface du lac. Aujourd'hui, pas de col au programme. Nous commençons par une petite entorse au GR® 54 et empruntons le spectaculaire balcon qui court sur les flancs du Sirac. Dès les premiers pas, une vue plongeante s'ouvre côté vallon. Mais c'est pourtant vers la muraille qui nous surplombe que notre regard est inexorablement tourné. Sur cette pente impossible, quelques bribes de glaciers défient les lois de la gravité. Tandis que nous scrutons l'arête nord, un point coloré attire mon attention. Près d'un kilomètre au-dessus de nos têtes, nos compagnons transalpins d'hier soir sont en bonne voie pour atteindre le sommet. Rêveurs, nous suivons l'arc de cercle qui mène vers Chabournéou, ce qui donne l'occasion d'un époustouflant panoramique sur la haute Séveraisse. Dominant l'ensemble depuis son éperon rocheux, le refuge apparaît tel un esquif en plein océan montagnard. Il est temps pour nous de redescendre de notre perchoir, pour retrouver la verte vallée. Quelques lacets plus loin, un mélèze solitaire planté au beau milieu du pierrier nous accueille dans le monde des hommes. Sous les yeux de la bergère, un troupeau pâture la belle herbe du pré de Surette. De pierrier en tapis de myrtilles, nous rejoignons le sentier du Ministre. Comme j'aurais aimé vous raconter que nous marchons dans les pas d'un Daladier ou d'un Schuman ! Il semblerait que ce soit plutôt en l'honneur de l'âne que le sentier ait été nommé ainsi. Si cher aux paysans d'autrefois, l'animal recevait tant de soins qu'il reçut le sobriquet de « ministre » … En descendant vers le Clot apparaissent les premiers signes de la civilisation montagnarde : d'abord un bouquet de frênes, puis deux charmantes prairies au milieu desquelles serpente un chemin encadré de deux beaux murets en pierres. Du hameau, il ne reste qu'une cabane entourée de ruines éparses. Le torrent du Gioberney nous cueille peu avant son confluent avec la Séveraisse. née des glaciers environnants, l'eau montre le chemin de la vallée. La suite est un lent retour au monde des hommes. Délaissant le fil de l'eau, le sentier remonte à travers d'anciennes terrasses de culture pour rejoindre l'adret ensoleillé où s'égrène le chapelet de fermes du Rif du Sap. Ce n'est qu'un peu plus bas que la vallée s'élargit enfin. Cernée d'immenses cônes d'éboulis eux-mêmes surmontés de versants vertigineux, la plaine alluviale de la Séveraisse fait figure de monde perdu avec ses bouquets de bouleaux et de saules chavirant sous la brise. Le Bourg, Le Casset … Comment les hommes en sont-ils venus à installer leurs villages dans un endroit à ce point reculé ? Certainement pour se mettre à l'abri des tourments de ce monde, comme le fit jadis Godemar, roi des Burgondes. À la vue de la cascade de Combefroide, les pierriers cèdent la place à une mosaïque de champs/ Blottie au pied du vallon de navette, La Chapelle-en-Valgaudemar nous tend les bras.

Ce GR® en bref ...

Tracé du GR 54Le GR® 54 forme un e boucle de 176 kilomètres autour du massif ds Écrins. Il comporte quatre variantes permettant d'agrémenter le parcours.

Découpage : trois étapes de 5h à 6h45 d'Entre-les-Aygues à La Chapelle-en-Valgaudemar.

  • Étape 1 : Entre-les-Aygues - Pré de la Chaumette (6h45 - +1160m/-960m) Montée raide et glissante dans les schistes du col de l'Aup Martin. À éviter par mauvais temps. Côté décor, les marmites et cascades du torrent de la Selle et la vue sur les sommets de la Vallouise depuis le col.
  • Étape 2 : Pré de la Chaumette - Vallonpierre (5h35 - +1180m/-715m) Étape plus courte que la veille, aux pentes prononcées. Un passage glissant après le col de la Valette. Côté décor, les ravines de schiste du vallon Plat et la vue sur les Écrins depuis le col de Vallonpierre.
  • Étape 3 : Vallonpierre - La Chapelle-en-Valgaudemar (5h - +150m/-1260m) Quelques passages rocheux en début de parcours suivis d'une longue et progressive descente vers la vallée. Côté décor, la face nord du Sirac et les hameaux du Valgaudemar.

Accès :

  • En voiture, par la N 94 jusqu'à L'Argentière-La-Bessée, puis la D 994E pour rejoindre Vallouise.
  • En train, arrêt à L'Argentière-les-Écrins, puis bus jusqu'à Vallouise : www.toutle05.fr

Dénivelés : le Tour des Écrins est un itinéraire sportif. Les trois étapes sélectionnées affichent des dénivelés importants et des pentes prononcées.

Période : de juin à septembre. La période d'affluence s'étale du 10 juillet au 15 août. Les cols les plus élevés sont souvent enneigés jusqu'à la mi-juillet. Renseignez-vous avang de vous lancer. Les sentiers sont souvent praticables jusqu'en octobre. La plupart des refuges ne sont plus gardés à partir de mi-septembre, mais le refuge d'hiver reste ouvert.

Balisage : blanc et rouge, couleur traditionnelle des GR®. Bien entretenu, le balisage est fiable sur l'ensemble du parcours.

Conseilsavant de vous lancer

Avertissements : le GR® 54 traverse de nombreuses zones pastorales. Respectez troupeaux et règles face aux chiens de protection. L'essentiel du parcours se déroule dans le Parc national des Écrins, dont vous devez respecter la règlementation.

Équipement : chaussures de randonnée à tige montante et semelle antidérapante et bâtons de marche fortement conseillés.

À mettre dans le sac à dos : veste de pluie / coupe-vent, polaire, doudoune fine, chapeau, bonnet, gants, lunettes de soleil, crème solaire, pharmacie, lampe de poche, gourde, aliments énergétiques et topoguide.

Topoguide

Topoguide GR® 54 - Tour de l'Oisans et des Écrins

Infospratiques

Contacts utiles

Hébergements et bonnes adresses :

  • Gîte d'étape l'Aiglière, à Valloise : à cinq minutes du village et à proximité immédiate du GR®. 7 chambres de 2 à 4 lits. https://www.gite-aigliere.com/ - +33 6 83 14 12 35  - gite.aigliere.vallouise@gmail.com
  • Cabane du Jas Lacroix : dans le vallon de la Selle, à une grosse heure de marche d'Entre-les-Aygues, cette cabane non gardée offre une solution de repli en cas de mauvaises conditions au col de l'Aup Martin. 4 places sur la mezzanine, table et bancs au rez-de-chaussée, eau à proximité.
  • Refuge du pré de la Chaumette : en fond de vallée du Champoléon, sur le tracé du GR®. Il possède une capacité de soixante places en période de gardiennage et dispose de douches chaudes et d'une salle hors sac. Refuge gardé de mi-juin à mi-septembre et, sur réservation, la première quinzaine de juin et la deuxième quinzaine de septembre. refugepredelachaumette.ffcam.fr - 04 92 55 95 34
  • Refuge de Vallonpierre : près d'un petit lac, au pied du sommet du Sirac. 39 places en dortoirs de 9 à 13 places. 19 places hors gardiennage. Refuge gardé de mi-juin à mi-septembre et, sur réservation, les week-ends de mai, début juin et fin septembre. vallonpierre.com
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