GR® 738 : Belledonne, la bien nommée
Le tout nouveau GR® 738 a de quoi séduire les amoureux des montagnes et des sentiers alpins. L’itinéraire traverse intégralement la chaîne de Belledonne, de la Savoie à l’Isère et fait face à des paysages merveilleux : lacs, pics, alpages et forêts d’altitude se dévoilent au fil des pas. Une traversée exigeante mais inoubliable de 140 kilomètres cumulant 10 000 mètres de dénivelé cumulé positif. Avis aux amateurs de défis sportifs !
Jour 1 : du refuge de la Perrière au refuge de la Pierre du Carre
Après deux jours de mise en jambes sur des sentiers forestiers bucoliques (mais pentus !), nous voici dans le cœur du sujet. La montagne de Belledonne nous accueille de toute sa puissance. Les alpages proches du refuge de la Perrière, une belle cabane non gardée qui où nous avons passé la nuit, sont doux et fleuris mais devant nous se dressent des géants de roches. Le ciel est sombre ce matin. Nous partons très tôt en compagnie de nos nouveaux amis de marche, rencontrés dès la première étape. L’orage est annoncé pour 11 heures, mais semble vouloir être en avance.
Dès nos premiers pas, ça gronde et les éclairs déchirent le ciel. La menace se rapproche et les gouttes tombent. Malgré le superbe spectacle des pics et des crêtes baignées d’une lumière surréaliste, nous pressons le pas. Après les passages en crête sur le col de la Frêche puis celui d’Arpingon, le ciel se fait moins furieux. Un court arrêt au refuge des Férices, où nous rencontrons Antoine et sa fille de sept ans Julie, qui marchent aussi sur ce GR® 738, et nous voilà repartis sous une pluie fine et presque rassurante.
Les panoramas sur le Mont-Blanc, les Grands Moulins et la Lauzière seront pour une autre fois, mais nous apprécions la suite de l’étape. Une longue descente nous attend jusqu’au torrent de Bens. Nous le traversons et quittons ainsi la Savoie pour l’Isère.
Sous le soleil revenu, nous entamons une jolie remontée à travers le bel alpage de Claran. Je n’ai jamais vu autant de myrtilles, qui nous invitent à autant de pauses. Mais décidément les nuages sont capricieux et nous poussent à presser le pas vers le petit refuge de la Pierre du Carre, blotti au creux des forêts et alpages. Une chaleureuse soirée entre amis, à l’abri, nous y attend.
Jour 2 : du refuge de la Pierre du Carre au Gîte de l’Alpage de l’Oule
Le gros chat du refuge de la Pierre du Carre a bien raison de rester à l’abri ce matin. Pas de chance, il pleut encore. Mais pluie du matin n’arrête pas le pèlerin, c’est bien connu, et non plus le valeureux randonneur sur le GR® 738. Le début de notre cheminent consiste en une descente forestière, jusqu’au Planay, puis du presque plat jusqu’au plan de l’Ours. Aucun plantigrade en vue, bien entendu, mais pas plus de sommets. Cependant, le jeu des nuages dans les arbres et sur les prairies donne un aspect mystérieux et romantique à ce début d’étape.
La cabane de l’Aup Bernard, plantée au milieu de l’alpage et bucolique à souhait, nous offre une halte idéale pour le pique-nique. Encore un peu plus bas, nous regagnons un instant la civilisation, en frôlant le hameau caractéristique du Gleyzin, tout de même bien tranquille. Une splendide remontée nous attend : le long du torrent, un troupeau de beaux moutons s’égaye joyeusement. Leurs bêlements semblent presque nous encourager dans cette rude pente.
Encore quelques pas sur un terrain de plus en plus rocheux et voici, hauts perchés, la bergerie et le refuge de l’alpage de l’Oule. A notre arrivée, les nuages, magnanimes, nous permettent d’admirer le panorama à travers une belle percée. Un peu plus tard, la nuit tombée, le spectacle des lumières, là-bas dans la vallée, sera tout aussi beau.
Jour 3 : du Gîte de l’Alpage de l’Oule au gîte de la Martinette
C’est presque à regret que nous quittons l’alpage de l’Oule. Le refuge, un rien rustique, est vraiment agréable. Pas d’électricité, mais un bon repas et une ambiance vraiment amicale. Nous avons passé une belle soirée. Il nous faut revenir un peu sur nos pas et prendre la direction de la Pierre du Pin, pour reprendre notre itinérance sur le GR® 738.
Nous entamons une remontée vers un très beau paysage d’alpage où foisonnent myrtilles et des rhododendrons, vers le lac et la Croix du Léat. Le petit chalet au bord du lac est tout mignon. Il nous invite à une première pause face à une vue panoramique sur la Chartreuse et les Bauges.
Entourés de sommets, nous reprenons notre chemin sur un terrain relativement facile, si ce n’est le dénivelé, et dans une zone tout à fait hospitalière. Les ruisseaux coulent, l’herbe est verte. Le pique-nique s’impose au chalet de la Petite-Valloire. Nous y sommes rejoints par notre joyeuse bande d’amis. Ségolène, la nouvelle venue, a vu la semelle de ses chaussures se décoller entièrement dès la première heure de marche ! Elle aura quelques difficultés dans la longue et raide descente à travers bois qui nous attend pour rejoindre Fond de France.
Ce soir, nous goûtons au confort du gîte de la Martinette : nous sommes redescendus en vallée, une vallée bien tranquille car cachée en Belledonne, où coulent le Bréda et le Pleynet. Le soleil est revenu et l’apéritif se fera en terrasse ce soir !
Jour 4 : du gîte de la Martinette au refuge des Sept Laux
C’est une longue remontée qui nous attend aujourd’hui ! Nous repartons, reposés, de la Martinette. C’est d’abord une bucolique forêt à la dominante résineuse et aux odeurs variées d'essences de pins qui accueille nos pas. Nous admirons après un tout petit détour, la cascade du Pissou, qui coule à flot.
La pente se fait ensuite plus raide pour nous reconduire en quelques kilomètres vers les alpages. Nous suivons le cours des ruisseaux dont le clapotis berce nos pas.
Le paysage se fait de plus en plus minéral au fur et à mesure de notre ascension. Les 2 000 mètres d’altitude sont franchis, mais il en reste encore avant d’atteindre le tout premier lac, le lac Noir . Après le lac carré, le spectacle est total : c’est un défilé d’eaux et de roches, surmonté par des sommets impressionnants. Certes, les installations hydro-électriques, très importantes dans ce secteur renommé de la « Houille Blanche » sont encore bien présentes et les barrages altèrent un peu la pure poésie naturelle des lieux, mais ils font aussi partie du paysage et témoignent d'une montagne à la fois sauvage et apprivoisée. Un sacré décor pour savourer encore une belle soirée entre amis !
Jour 5 : du refuge des Sept Laux à l’Habert d’Aiguebelle
Le festival des lacs et des roches se poursuit. Univers sauvage d’eau et de pierres. Les glaces de l’hiver ont presque disparu. Un beau troupeau et quelques patous débonnaires, animent aussi notre matinée.
Le rude col de la Vache nous attend de pied ferme : la montée est progressive et nous nous arrêtons souvent pour admirer le paysage en contre-bas. Mais l’effort est soutenu et la pente se fait très raide. Le sentier a laissé la place à un pierrier. La récompense du panorama, des deux côtés du col - des sommets découpés dominant les vallées, est à la hauteur de l’effort.
La descente demande vigilance : un dédale de pierres où chaque pas se mesure.
Il ne faut pas perdre de vue non plus la direction générale. Après avoir retrouvé nos marques, un beau balcon nous mène jusqu’au Pas de la Coche. Le ciel s’est obscurci, la pluie arrive plus vite qu’un randonneur au galop. Nous ne nous attardons pas pour descendre jusqu’à l'accueillant refuge de l’Habert d’Aiguebelle.
Quelques-uns de nos compagnons de route s’arrêtent ici, s’octroyant une heure de marche supplémentaire pour rejoindre le parking, la civilisation d’en bas. Ils sont heureux de leur voyage. Pour nous, l’itinérance continue, à travers Belledonne, jusqu’à Vizille. On en redemande !
Rédaction Sylvain Bazin pour MonGR.fr
Infos
pratiques
Accès : Pour atteindre le GR® 738, le plus simple reste de commencer et de finir à l’une de ses extrémités : d’Aiguebelle (gare SNCF) au nord ou Vizille au sud (gare SNCF, bus en direction de Grenoble notamment).
Néanmoins, de nombreux “échappatoires” existent sur le parcours, ou à proximité. Ainsi, sur les étapes présentées ici, on peut atteindre le refuge de la Perrière depuis le parking de Valpelouse, et sortir du sentier à Prapoutel, à une heure de marche environ de l’Habert d’Aiguebelle. Des bus et des services de taxi sont possibles. Le stop fonctionne également très bien pour atteindre les gares proches, situées en vallée du Grésivaudan et desservant Grenoble ou Chambéry.
Balisage : rouge et blanc (GR®)
Sites et numéros utiles
FFRandonnée Savoie :
savoie.ffrandonnee.fr - 04 79 33 05 64 - savoie@ffrandonnee.fr
FFRandonnée Isère:
isere.ffrandonnee.fr/- 04 38 70 06 69 - isere@ffrandonnee.fr
Espace Belledonne :
espacebelledonne.fr - 04 76 13 57 78
Haute traversée de Belledonne (parcours et hébergements) :
hautetraverseedebelledonne.com