Passion Rando 63 : GR^® 69, La Routo

JOUR 1 : La Javie ► Le Vernet

En passant des noires roubines aux denses forêts du Vernet, la pente douce et progressive du col du Labouret suit l'ancienne draille qui menait les troupeaux ovins vers la quiétude des premiers alpages.

Moyen · 19 km · 5h · dénivelé +840m / -440m · Balisage blanc et rouge

Tout part, à La Javie, du pont sur la Bléone, symbole transhumant. Construit en 1880 par le Syndicat des éleveurs d'Arles et de Crau, il permettait d'éviter les crues qui pouvaient emporter les bêtes et ralentissaient les troupeaux, parfois contraints d'attendre plusieurs jours un bon passage à gué. La Routo^® prend ici le chemin du Labouret, à plus de 1200 mètres d'altitude, première pente continue et sérieuse depuis la Provence. Rien ne prédispose plus à la joie que les cols qui montent dans l'Alpe. C'est l'élévation qui compte, ni le sommet ni sa conquête ; elle signifie la liberté.

La progression se fait à travers une moyenne montagne austère, même désolée par endroits, un « col à mouton » à la marche lente, suivant une piste pendant près de quatre heures. Cent trente mètres de dénivelé à l'heure, une allure d'escargot ! Mais un mouton et un homme, cela ne monte pas de la même façon. Les moutons vont à trois petits kilomètres-heure, droit dans la pente ; les hommes préfèrent presser le pas dans les zigzags plus escarpés. La Routo^®, telle que le randonneur d'aujourd'hui la pratique sur les pas des troupeaux d'autrefois, est une négociation permanente entre ces deux manères de marcher.

Au début, le chemin serpente au milieu des roubines et il ne faut pas rater l'entrée dans ces terres noires et ravinées, lessivées par l'érosion torrentielle en couloirs abrupts et secs. La progression se fait souvent à mi-pente, les ravines s'enchaînant les unes aux autres, en pleins et en creux du chemin. L'arrivée au col traverse une épaisse forêt ; on en voit à peine l'échancrure. Le col se résume à un panneau indicateur routier sur la départementale D900, reliant Digne à Barcelonnette. De l'autre côté du « sommet », on trouve une stèle et un buste en l'honneur de Prosper Demontzey (1831-1898), avec l'inscription suivante : « Au grand forestier qui conçut et réalisa l'œuvre de reboisement et de regazonnement des Alpes. » La descente vers Le Vernet, belle et boisée, semble un hommage à ce grand homme, avant d'atteindre clairières et champs dans un environnement plus agricole…n …➡️ Lire la suite dans Passion Rando

Reportage de Antoine de Baeque - extrait de Passion Rando n°63 (Printemps 2022)

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Rédaction MonGR - mars 2022