Passion Rando 68 : GR®7 Des Cévennes au Larzac
Le Massif central est le plus grand massif montagneux de France. Le GR®7 le traverse sur près de 800 kilomètres en suivant la ligne de partage des eaux. De Mâcon en Saône-et-Loire à Castelnaudary dans l’Aude, il chemine à travers le Parc naturel régional (PNR) du Pilat, des Monts d’Ardèche, le Parc national des Cévennes et le PNR du Haut Languedoc. Nous avons sélectionné ici 4 étapes pour la variété et la beauté de leurs paysages. Un condensé de GR®7 !
JOUR 1 : l’Espérou ► Avèze
Des pentes du mont Aigoual au Pays viganais, cette longue et belle descente nous laisse entrevoir le cœur battant des Cévennes. Entre bois et tourbières, le socle granitique est sillonné par d’innombrables rivières qui alimentaient jadis moulins et filatures.
Moyen · 22 km · 5h15 · dénivelé +300m / -1 280m · Balisage blanc et rouge
Par temps clair, l’Aigoual est, dit-on, l’un des rares sommets d’où le panorama s’étire des Alpes aux Pyrénées et du Massif central à la Méditerranée. Aujourd’hui, il n’y a guère que le pic Saint-Loup qui pointe au sud son immense face calcaire, le reste étant noyé dans un horizon laiteux. L’étape ne devait commencer qu’à L’Espérou, mais voyant le sommet si proche, je n’ai pu m’empêcher d’ajouter quatre petits kilomètres à une journée déjà bien remplie… La descente traverse le premier laboratoire de reboisement de l’Hexagone. Omniprésent au-delà de 1000 mètres, le hêtre ne cède la place à un cortège plus varié qu’une fois passés les chalets fantômes de la petite station de montagne, d’où le sentier part sillonner le plateau qui surplombe le Pays viganais. Profitant de l’acidité du sol, joncs, carex et autres linaigrettes transforment le moindre creux en tourbières, reliées entre elles par des ruisseaux riants qui mettent à nu les cristaux grossiers du granit de l’Aigoual.
Une touche méditerranéenne
Le randonneur plonge cycliquement sous de sombres sapinières jusqu’au lieu-dit « Le Camping », où le GR ® prend pour de bon le chemin de la vallée. Tandis qu’une coupe à blanc dévoile une nouvelle vue vers le sud, apparaissent les premiers genêts. Puis c’est au tour des châtaigniers d’habiller la pente. Après avoir nourri les Cévennes pendant tout le Moyen Âge, l’« arbre à pain » reste, malgré la déprise agricole et les ravages de la maladie de l’encre, indissociable de la forêt cévenole. Plus étonnantes sont ces terrasses plantées d’oliviers que l’on traverse à l’approche d’Aulas. L’arbre est-il à ce point rustique, ou la Méditerranée est-elle plus proche que l’on ne croit ? Sur les bords du Coudoulous, le village dévoile une architecture inattendue. Poterne, vieux pont, riches demeures et fenêtres à meneaux nous mènent jusqu’à l’ancienne filature, symbole de la prospérité passée du Pays viganais. L’essor démarre au Moyen Âge, lorsque la laine des brebis des causses commence à habiller les troupes royales, et se poursuit au milieu du XVII e siècle, avec le développement de l’élevage du ver à soie. Comme ailleurs en Cévennes, la désindustrialisation et l’exode rural sont passés par là, mais les prémices d’un renouveau semblent se faire jour.
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Reportage de Johannes Braun et cartographie de Claude Dubut - extrait de Passion Rando n°68 (Été 2023)
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