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Les clés pour une bonne nuit en refuge

Abris rudimentaires mais véritables cocons de convivialité hors du temps, les refuges de montagne se méritent. Par l'effort à fournir pour les atteindre, certes - quoique nombreux sont ceux accessibles aux familles, voire à tous -, mais surtout par le respect de quelques règles de vie propres à ces lieux d'accueil et d'échanges par excellence. Depuis les préparatifs jusqu'au retour, les voici recensées.

Attention !

● Le premier mot d'ordre est RÉSERVATION. C'est indispensable pour le bon fonctionnement du refuge (répartition dans les dortoirs, préparation des repas, etc.) et pour être sûr d'avoir un lit et/ou une assiette – les refuges sont très prisés les week ends et tout juillet-août et leur capacité d'accueil est parfois très limitée. A noter que 10 ou 15 € d'arrhes peuvent vous être demandés. Ne tardez donc jamais à annoncer votre venue, par téléphone ou Internet (de plus en plus sont connectés)… comme à prévenir en cas d'annulation ! Au-delà de permettre à d'autres de prendre votre place, cette démarche est primordiale pour des raisons de sécurité : faute d'être prévenu, le gardien, premier maillon de la chaine de secours en montagne, pensera à un problème en chemin et engagera des recherches, notamment via l'intervention du PGHM (Peloton de gendarmerie de haute montagne).

● Lors de votre réservation, ayez le réflexe de communiquer à la gardienne ou au gardien les renseignements suivants (si impossible en ligne, passez un coup de fil) :

- votre numéro de portable, votre itinéraire et l'heure approximative de votre arrivée, utiles en cas de pépin.

- d'éventuelles allergies ou régimes alimentaires : le refuge ne dispose pas des mêmes facilité qu'un restaurant mais le•a gardien•ne saura composer.

● Renseignez-vous également sur les modes de paiement acceptés. Chèques et espèces sont une valeur sure, la carte bancaire beaucoup moins, les Chèques-Vacances pas plus. Les tarifs varient d'un refuge à l'autre (en fonction de l'altitude, des difficultés d'approvisionnement, du confort…) mais munissez-vous par sécurité de 50 € par personne. Adhérents à la FFCAM (Fédération française des clubs alpins et de montagne), n'oubliez pas votre carte de membre pour bénéficier de tarifs réduits dans les refuges gérés par la Fédération.

● Quoi qu'il en soit, n'hésitez pas à appeler le•a gardien•ne. Il•Elle connaît le terrain (les conditions de la montagne, de la météo, des sentiers) et est toujours de bon conseil – l'indication de points d’intérêts en chemin peut être un plus pour motiver les enfants ! Et si votre sac le permet, demandez-lui à tout hasard s'il•elle a besoin que vous lui remontiez quelque chose de la vallée (produits frais, bois, médicaments, courrier, etc.).


Bienvenue !

MonGR - Venosc, refuge de la Muzelle - Isère (38) - crédit : Johannes Braun - Hemis.fr ● Il est de bon ton de vous annoncer au gardien (ne) dès la porte passée. Il•Elle sera rassuré•e (un accident est si vite arrivé) et vous indiquera votre dortoir.

● Avant de vous y précipiter, même éreinté par une bonne randonnée, il faut montrer « semelle blanche ». À savoir troquer ses chaussures de randonnées souillées pour une paire de sabots, tongs, crocs ou chaussons mis à disposition dans une salle dédiée, à l'entrée – prévoir éventuellement les chaussons des enfants car les petites pointures ne sont pas légions. Cette salle est également faite pour vous accueillir bâtons ou vêtements de pluie mouillés.

● Les randonneurs bivouaquant à proximité du refuge doivent s'enquérir auprès du gardien de l'endroit adéquat pour planter la tente. Il serait en effet dommage d'occuper la DZ (pour "droping zone") réservé à "l'atterrissage" de l'hélicoptère.

● Concernant la recharge d'appareils électriques, ne comptez pas sur un service open bar à votre arrivée. Les gardiens rechargent autant que possible les téléphones, qui sont devenus des appareils de sécurité. Mais en site isolé, les refuges fonctionnent le plus souvent sur un parc de batteries chargées au solaire, l'énergie est donc limitée. Adoptez donc les bons gestes pour préserver vos batteries (mode "avion" dans les zones non couvertes, batterie externe, éventuellement panneau solaire à installer sur son sac…).

● Enfin question horaire, votre arrivée sera probablement mal vue passés 19h00 : la soupe n'est servie qu'une fois en refuge, et de bonne heure ! Arriver tôt (en milieu d'après-midi) permet qui plus est de se poser, de pleinement profiter des lieux, d'échanger avec les autres randonneurs ou le•a gardien•ne… et pourquoi pas de lui proposer votre aide à la préparation du diner !


À table !mongr-conseil-souper au refuge du lac-blanc--credit-franck-charton-hemis.fr

● En refuge, le diner est souvent LE réconfort tant attendu, alors ne le manquez pas ! Il n'y a en effet qu'un seul service d'un menu unique (même si une "carte" de petite restauration est proposée le midi), pris de manière collective et à heure fixe (à 18h30 ou 19h00). Résumée de la sorte, l'affaire parait austère, militaire. Il n'en est rien : l'ambiance est toujours chaleureuse et, malgré les difficultés du ravitaillement, les cuisines redoublent souvent d'efforts pour sortir des plats savoureux autant que possible à base de produits locaux et de l'agriculture biologique.

● Un coup de main est toujours le bienvenu ! Avant le repas, pour dresser la table, pendant pour faire passer les plats et servir, après pour débarrasser et, qui sait, faire la plonge.

● Randonneurs long courrier, sachez que la plupart des refuges proposent des pique-niques à emporter pour alléger votre sac. Si vous optez pour ce service, commandez-les au gardien•ne la veille de votre départ (ils sont généralement préparés avant le repas du soir). Et pensez à prévoir vos couverts et une petite boîte à couvercle hermétique pour la salade maison afin de limiter les déchets pour le refuge suivant !


Au lit !

● En refuge, randonneurs et alpinistes se couchent tôt. Mettez ça sur le compte d'une bonne journée de grimpette, de l'ivresse des sommets ou du réveil matinal programmé le lendemain si vous le souhaitez, c'est toujours le•a gardien•ne qui fixe l'heure du coucher. Généralement 21h00, 22h00 grand maximum. Lui•Elle aussi endure des journées de labeurs et se lève aux aurores, donc respectez le couvre-feu !

● Si toutefois vous souhaitez prolonger le repas par une veillée – le•a gardien•ne n'est pas non plus un Thénardier ! – autour d'une boisson chaude, d'un bon livre, d'un jeu de société ou d'une discussion enflammée, cantonnez-vous à la salle commune en restant discret.

● Dans les dortoirs, astuces et anticipation sont vos alliés pour atteindre votre couchette sans gêner le sommeil de vos camarades de chambrée. Pensez donc à :

- apporter une frontale (réservez la batterie de votre Smartphone pour les appels d'urgence plutôt que l'option "torche"), la garder en permanence sur vous la nuit tombée (utile lors d'une éventuelle visite nocturne des toilettes) et utiliser le mode "lumière rouge" (non aveuglante) si vous avez.

- installer à l'avance votre drap de sac (ou sac à viande) et taie d'oreiller, seuls linges de lit à apporter, les refuges fournissant couverture ou couette et oreiller.

- sortir à l'avance de votre sac à dos vos affaires pour dormir et une gourde (il n'est pas rare qu'il fasse chaud dans les dortoirs l'été) et les rassembler à proximité du lit – surtout si elles sont rangées dans un sac plastique, dont le froissement incessant est rapidement irritant !

● Il est enfin conseillé aux dormeurs au sommeil léger ou allergiques aux ronfleurs de se munir de bouchons d'oreille.


Au revoir !

● Bien dormi ou pas, à 5h00 comme à 8h00 du matin, veillez à laisser les lieux comme vous les avez trouvés : couverture pliée, sabots ou crocs rangés, matériel récupéré – vérifiez bien qu'il s'agit du vôtre !

● N'oubliez pas de régler l'ardoise – à moins que ça n'ait été fait la veille pour cause de départ très matinal – et de noircir une page du livre d'or pour partager votre expérience.

● Enfin si vous redescendez en vallée des souvenirs plein la tête, gardez une petite place dans votre sac pour vos déchets et, pourquoi pas, une ou deux bricoles pour rendre service à votre hôte. Pensez bien qu'il n'y a pas d'éboueurs au refuge, si ce n'est le gardien lui-même : il s'occupe du tri, composte ce qu'il peut, réduit au maximum le volume des déchets et les fait redescendre par hélicoptère en fin de saison, parfois l'année d'après.

 

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Portes ouvertes

Passé l'été, de fin septembre à début juin pour être précis, les refuges de montagne ne sont pas gardés – excepté parfois (et de plus en plus) en mars-avril pour la saison du ski de printemps. Pour autant, vous ne trouverez pas systématiquement portes closes. Certains refuges laissent en effet aux randonneurs l'accès à une partie hivernale indépendante, plus sommaire et de capacité d'accueil réduite.

Contre une modique redevance (une douzaine d'euros), vous y trouverez généralement un poêle à bois (à utiliser avec parcimonie), un éclairage minimum (à économiser, l'électricité étant d'origine renouvelable et locale), de quoi cuisiner (vaisselles, casseroles, le gaz parfois, etc.) et de quoi dormir (lits et matelas, couvertures et oreillers). Rare est l'eau courante (la plomberie risquerait de geler), que l'on puise souvent hors les murs, dans un bachal à proximité; tout comme les toilettes (sauf si elles sont sèches).

Renseignez-vous toutefois sur le site Internet du refuge ou contactez le gardien (disponibles sur son portable) afin d'éviter les (mauvaises) surprises.

Enfin toujours dans un esprit de partage, la plupart des règles citées plus haut s'applique même en l'absence de gardien•ne. À ceci près qu'il est conseillé d'apporter son duvet – les dortoirs n'ont pas forcément le chauffage, eux ! –, que la participation financière (chèque ou espèces) est à déposer dans une urne et qu'aucune réservation n'est possible.

Refuges et Covid-19

La pandémie de Covid-19 ne devrait pas amputer la saison estivale 2020 des refuges de montagne. Ils pourront de nouveau accueillir des randonneurs•ses dès la mi-juin... à condition de respecter un protocole sanitaire spécifique. Ce dernier prévoit des principes généraux, établis à l'échelle nationale, adaptés à chaque refuge par concertation entre son gardien et son propriétaire. En voici les grandes lignes :

- Les capacités d'accueil des refuges sont moindres du fait des distanciations sociales exigées (pas de groupe mixte sur une même table ou un même bat-flanc, etc.)

- Les réservations sont obligatoires, sans quoi le gardien est en droit de refuser un randonneur•se.

- Lors de la réservation, chaque randonneur•se doit renseigner son identité et ses coordonnées – pour permettre la traçabilité en cas de contamination – et signer une charte engageant sa responsabilité en cas de non-respect du protocole du refuge.

- Le gardien ne fournit ni couverture ou couette, oreiller et drap (uniquement le matelas avec allaise désinfectable en plastique), ni crocs, sabots ou chaussons que le randonneur•se prendra soin de glisser dans son sac (de même que son propre gel hydro-alcoolique).

Pour en savoir plus sur le protocole en vigueur du refuge ciblé, renseignez-vous auprès du gardien•ne.

 

En savoir plus :

FFCAM (Fédération française des clubs alpins et de montagne) : ffcam.fr

SNGRGE (Syndicat national des gardiens de refuges et gîtes d’étapes) : sngrge.fr