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Randonnée Itinérante

GR® 4 : Verdon magique

Département
Alpes-de-Haute-Provence
Durée
4 jours
Environnement
Montagne
  • Jour 1
  • Jour 2
  • Jour 3
  • Jour 4
  • En bref
  • Conseils
  • Infos pratiques

« La Haute-Provence par les gorges du Verdon » : l'intitulé du topoguide® ne laisse pas de place au doute. Le canyon le plus célèbre d'Europe est la star de ce bout de GR® 4 qui relie Grasse à Pont-Saint-Esprit. Quoi de plus naturel donc que de centrer notre itinérance sur le sentier Blanc-Martel, du nom des découvreurs de ce défilé aux eaux turquoises qui aimante les visiteurs du monde entier.

randonneur
Journaliste et accompagnateur en montagne, Johannes Braun partage son temps entre reportages pour des magazines spécialisés et encadrement de treks dans les Alpes. Tour à tour marcheur solitaire et passeur d’histoires, il trouve dans le voyage à pied un moyen de revenir à l’essentiel : la beauté de la nature et celle des rencontres.
Jour 1

Castellane > Rougon

Castellane, panorama depuis le sommet du Roc sur la vallée du Verdon et la ville © Michel CAVALIER / HEMIS

Castellane, panorama depuis le sommet du Roc sur la vallée du Verdon et la ville © Michel CAVALIER / HEMIS

La veille du départ, à Castellane

Imaginez l'effervescence au pays, le jour où l'instituteur de Rougon, Isidore Blanc, partit guider l'explorateur Edouard-Alfred Martel pour la première traversée des gorges. Le cortège avait dû accompagner les héros jusqu'au plateau des fossiles, regarder les frêles embarcations de bois et de toile disparaître entre les deux dalles du couloir Samson, persuadés qu'ils n'en reviendraient jamais. La rumeur était remontée jusqu'à Castellane, mais personne alors ne se doutait des chamboulements qui allaient suivre. C'est qu'il en a coulé de l'eau sous le pont de Carajuan, depuis ce 11 août 1905 ! Le Touring club de France a aménagé la route et les belvédères, organisé les premiers voyages de presse. Les congés payés ont donné naissance au « touriste », ce vagabond en short qui n'a d'autre ambition que de profiter du paysage. Les agriculteurs ont ouvert des campings à la ferme et les vautours ont fait leur retour dans le ciel. Un soir d'été, les terrasses bondées de la plus petite sous-préfecture de France racontent une journée ordinaire dans le Verdon : un couple de touristes joue de la perche à selfie et un groupe de grimpeurs relate les frissons d'une grande voie, aiguisant la curiosité de deux marcheurs fraîchement débarqués.

Jour 1 : De Castellane à Rougon

À peine sorti des Alpes, le voilà reparti pour une sinueuse aventure. Un temps, le Verdon court sur une plaine alluviale où saules et peupliers prospèrent et meurent au gré des changements de lit. Les pentes avoisinantes, habillées de pins sylvestres, gagnent en dévers à mesure que l'on approche de la clue de Chasteuil. Perché au-dessus d'un coude de la rivière, le petit hameau regarde avec amusement la frénésie de la route des gorges. Il arrive bien qu'une voiture s'y égare, mais le calme de lieu n'est jamais troublé pour longtemps. En bas, l'étau rocheux se resserre autour du ruban émeraude. La rivière n'a d'autre choix que de suivre le sillon qu'elle a elle-même tracé au fil des millénaires dans l'épais massif calcaire. Pendant que le Verdon continue son cours, le sentier file le long de l'ancienne voie romaine reliant Castellane à Riez pour aller passer un petit col. Là, sur un éperon rocheux surplombant la profonde vallée, Rougon exhibe les ruines de son château. En un siècle, le village a perdu la moitié de ses habitants, mais nullement son charme. Un lavoir, des maisons aux murs épais collées en rangs serrés, comme on les construisait autrefois pour se protéger des chaleurs estivales. Postés sur une chaise dans la rue, les habitants ressassent les vieilles histoires. Celle des vautours fauves qui, dix-huit ans après leur réintroduction, règnent en maîtres sur le ciel du Verdon. Celle de Guy Gilbert, prêtre-ouvrier et éducateur spécialisé qui a retapé une ferme où il accueille depuis plus de trente ans des jeunes dans leur chemin vers la réinsertion. Celle d'Isidore Blanc et d'Edouard-Alfred Martel, « inventeurs » des gorges du Verdon.

Jour 2

Rougon > chalet de la Maline

Gorges du Verdon, vue sur le Verdon et la Brèche Imbert depuis le belvédère du balcon de la Mescla. © Hervé LENAIN / HEMIS

Gorges du Verdon, vue sur le Verdon et la Brèche Imbert depuis le belvédère du balcon de la Mescla. © Hervé LENAIN / HEMIS

Fruit de quatre années d'un travail harassant, les tunnels du Verdon auraient pu finir au panthéon des entreprises inutiles. Abandonnées en 1909 en même temps que le projet hydroélectrique qui les avait commandés, ils devinrent deux décennies plus tard le point de départ de la traversée des gorges imaginée par le Touring club de France. Faussant compagnie à l'infranchissable couloir Samson, les 650 mètres du premier boyau vous régurgitent au pied de 300 mètres de parois, histoire de rappeler l'humilité à ceux qui l'auraient oubliée à l'entrée. Et dire que la seule force de l'eau a taillé ce chemin chaotique à travers le calcaire… À la sortie du deuxième tunnel, le sentier se hisse en balcon, domptant les escarpements au moyen d'étroits lacets et de mains courantes bien senties. « Baume aux Chiens », « baume aux Hirondelles »… les grottes aux noms évocateurs rythment le parcours jusqu'au clou du spectacle, les fameux escaliers de la brèche Imbert dont les 274 marches permettent de gravir le promontoire rocheux laissé par un coude de la rivière. Les curieux feront le détour par la Mescla, approcher le Verdon à son confluent avec les eaux varoises de l'Artuby. Avant de se laisser glisser vers l'ouest en direction du pré d'Issane où le sentier prend ses aises, descandant à plusieurs reprises tutoyer la rivière. Un petit bain -de pied ou de tout- fera le plus grand bien, avant la raide remontée vers le chalet de la Maline. Après cette journée dans l'intimité des gorges, tourner le dos au Verdon tient du crève-cœur. Postée au bord du gouffre, la terrasse du refuge promet d'adoucir le sevrage.

Jour 3

chalet de la Maline > Moustiers-Sainte-Marie

France, Alpes-de-Haute-Provence (04), Gorges du Verdon © Laurent GIRAUDOU / HEMIS

France, Alpes-de-Haute-Provence (04), Gorges du Verdon © Laurent GIRAUDOU / HEMIS

Mise à part la splendide vue sur les gorges, le tracé du GR® entre la Maline et La Palud-sur-Verdon présente peu d'intérêt. Seuls les jusqu'au-boutistes arpenteront les 8 kilomètres longeant la route des crêtes, les autres préférant tricher en faisant appel au taxi habitué du tronçon, puis en traînant un peu dans le village. Les matins humides, La Palud reste emmitouflée dans sa couverture vaporeuse, quand le soleil lèche déjà les sommets voisins. C'est le moment idéal pour s'élancer à l'assaut de la cime de Barbin. Par chance, on atteindra les hauteurs avant que la brume ne s'élève pour profiter d'un spectacle serein des gorges « remplies » de nuages. Le soleil montant, la fraîcheur de l'ubac est bienvenue. En quelques mètres à peine, hêtres et épicéas s'ajoutent au triptyque buis, pins sylvestres et chênes pubescents qui dominait jusqu'alors. Pas étonnant que les anciens aient installé à deux pas de là une ferme, dont les épais murs trahissent l'importance passée. De là, la piste part zigzaguer à travers les coupes forestières pour déboucher sans transition sur le col de Plein Voir. Sous les vertigineuses barres de l'Issioule, le Verdon forme une dernière courbe avant d'aller terminer sa course dans l'immensité bleue du lac de Sainte-Croix. Profitant des ascendants de l'après-midi, des vautours filent vers l'est, dans leur éternelle quête de becquetance. La crête nous montre le chemin alternant entre la vue plongeante sur le lac et celle de cet arrière-Verdon sauvage et méconnu, lové à l'ombre des sommets du mont Denier et du Chiran. Un monde perdu qui mériterait à lui seul quelques jours d'exploration. Mais il est tard et le coucher de soleil sur Monstiers n'attendra pas. Déjà, les barres de l'Ourbes prennent une discrète teinte dorée…

Jour 4

Moustiers-Sainte-Marie > Sainte-Croix-du-Verdon

Parc naturel régional du Verdon, plateau de Valensole, champs de lavande © René MATTES / HEMIS

Parc naturel régional du Verdon, plateau de Valensole, champs de lavande © René MATTES / HEMIS

En été, l'aurore est le meilleur moment pour profiter du calme de Moustiers-Sainte-Marie. Rendue célèbre par ses faïences après que Louix XIV ait décidé de sacrifier la vaisselle d'or et d'argent pour renflouer les caisses du royaume, la cité construite en pied de falaise est victime de son pittoresque. Le chemin de croix qui mène à la chapelle Notre-Dame-de-Beauvoir se prête parfaitement à une mise en jambes matinale avant de rejoindre le GR®. Vous éloignant vers le plateau de Valensole, vous aurez, comme d'autres avant vous, une question en tête : d'où vient cette étoile d'or suspendue entre les deux falaises surplombant le village ? Exvoto offert par un chevalier de retour de croisade, hommage aux Roméo et Juliette locaux… la réponse varie fonction des personnes interrogées… Ce matin, le lac de Sainte-Croix s'est paré de son bleu le plus profond. Nous avons vite rejoint ses bords, pressés que nous étions d'en mesurer la température. Baignera … baignera pas ? Maintenant que nous le longeons, le pas se fait plus lent et les arrêts photo plus fréquents. Une dernière montée dans la pinède nous mène sur les bords de l'ancien « grenier de la Provence ». né des alluvions de la dernière débâcle glaciaire, le plateau de Valensole étale son immensité fertile jusqu'aux confins de la vallée de la Durance. Les lavandes plantées aux riches heures des parfumeries de Grasse s'alignent en rangées impeccables, surmontées ça et là par la silhouette d'un vieil amandier. Arrêtez-vous quelques instants en bord de route et vous assisterez au ballet des jeunes couples venus mettre en scène leur amour le temps d'un cliché provençal. Anciennement dirigé à l'est, le GR® prend désormais soin de rester en bordure de plateau avant de descendre une dernière fois pour rejoindre Sainte-Croix-du-Verdon. Après avoir cultivé l'olivier en terrasse pendant des siècles, le village a vécu une petite révolution avec la mise en eau du lac éponyme 1973 qui a amené la plage à ses pieds. Voilà l'ultime chance de faire trempette avant la fin de notre périple. C'est, paraît-il, sous la lumière du couchant que la couleur de l'eau est la plus belle…

Ce GR® en bref ...

Le GR® 4 s'étire sur 1 529 kilomètres entre Royan, en Charente-Maritime, et Grasse, dans les Alpes-Maritimes.

Découpage : 4 étapes de 4h45 à 7h entre Castellane et Sainte-Croix-du-Verdon

  • Étape 1 : de Castellane à Rougon (15,5 km - 4h45). Une douce mise en jambes le long des méandres du Verdon pour rejoindre le village perché de Rougon, point de départ de la treversée des gorges.
  • Étape 2 : de Rougon au chalet de la Maline (12,4 km - 6h). De sombres tunnels en vertigineux balcons, une plongée au cœur des gorges du Verdon suivant le fameux sentier Blanc-Martel.
  • Étape 3 : du chalet de la Maline à Moustiers-Sainte-Marie (21,6 km - 7h). Une marche en crête, à cheval entre le lac de Sainte-Croix et les Préalpes de Digne pour rejoindre Moustiers-Sainte-Marie, la cité de la faïence.
  • Étape 4 : de Moustiers-Sainte-Marie à Sainte-Croix-du-Verdon (18,5 km - 5h30). En guise de dessert, les champs de lavande les plus photographiés du monde et un dernier bain dans les eaux du Verdon.

Dénivelés : malgré le classement de l'itinéraire en moyenne montagne, certaines journées présentent des dénivellations non négligeables. Comme toute randonnée itinérante, elle ne saurait être abordée sans un minimum d'entraînement.

Période : toute l'année, même si les intersaisons sont de loin les plus agréables. Sentier à éviter en juillet et en août en raison de la chaleur et de la très forte fréquentation. En été, pensez à réserver vos hébergements à l'avance et, le reste de l'année, à vérifier qu'ils sont ouverts.

Balisage : blanc et rouge, couleur traditionnelle des GR®. Régulièrement entretenu, le balisage est fiable sur l'ensemble du parcours.

 

Conseilsavant de vous lancer

Avertissements : comme de nombreux itinéraires de randonnée, le GR® 4 traverse des zones agricoles et terrains privés avec l'aimable accord de leurs propriétaires. Veillez à rester sur le sentier et respectez les récoltes.

Équipement : chaussures de randonnée à tige montange et semelle antidérapante, bâtons de marche vivement conseillés. Il est impératif de disposer d'un éclairage pour la traversée des tunnels du sentier Martel.

À mettre dans le sac à dos : veste de pluie/coupe-vent, veste polaire, doudoune fine, chapeau, bonnet, gants, lunettes de soleil, crème solaire, pharmacie, lampe de poche, gourde, aliments énergétiques.

Topoguides

Topoguide - La Haute-Provence par les Gorges du Verdon Les Alpes-de-Haute-Provence à pied

Infospratiques

Bonnes adresses :

> Magasin de producteurs Le Panier du Verdon à La Palud-sur-Verdon : le point de vente colelctif des agriculteurs locaux propose vin, pain, miel, fromage, saucisson, viande, huile d'olive, sirop, safran et dérivés, huiles essentielles… Rue Grande, La Palud-sur-Verdon.

> Marchés paysans du Verdon à Moustiers-Sainte-Marie : tous les dimanches de juillet à mi-septembre, de 16h à 21h.

Contacts utiles

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