Facilitez-vous la rando avec RandoPass et GR @ccess ! GO!
Mon GR®

Le site de la
Randonnée Itinérante

Reportage thématique

8300 km à pied pour sensibiliser à la maladie de Parkinson : le défi de Théo Vétil

À 24 ans, Théo Vetil a mis ses études d'agronomie entre parenthèses pour accomplir un défi hors norme : faire le tour de France à pied par les GR®. Un périple de 8300 kilomètres au service d'une cause qui lui tient à cœur : la lutte contre la maladie de Parkinson.

Crédit photo : Théo Vetil

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

J'ai 24 ans, je suis breton d'origine et j'étais jusqu'en 2024 en études d'agronomie, spécialisé en agro-écologie. Mais cette année, j'ai pris une pause pour vivre une aventure qui me ressemble vraiment.

 

Pouvez-vous nous parler plus en détail de votre projet ?

Je fais le tour de France à pied en suivant exclusivement les GR®, en restant au plus proche des frontières terrestres et maritimes. Ça représente 8300 kilomètres parcourus en moins d'un an, à raison de 30 kilomètres par jour en moyenne, avec un rythme de 6 jours de marche et un jour de repos par semaine.

Mais ce n'est pas qu'une simple marche. Tout au long du parcours, j'organise des actions pour sensibiliser à la maladie de Parkinson : collecte de fonds, conférences, et surtout des accompagnements sur certaines portions d'étapes. L'idée, c'est que chaque personne qui décide de marcher avec moi puisse le faire à son rythme. Je propose plusieurs points de rendez-vous dans la journée, et l'objectif est qu'on franchisse tous ensemble la ligne d'arrivée de l'étape.

Ces randonnées se font soit avec des clubs affiliés à la FFRandonnée, soit de façon plus spontanée grâce aux réseaux sociaux.

 

Comment cette idée de tour de France est-elle née ?

Après mes études, je me sentais un peu perdu, je ne me retrouvais pas vraiment dans mon parcours et j'avais besoin d'une pause pour réfléchir à ce que je voulais faire. Comme j'avais depuis longtemps envie de faire le tour de la Bretagne par le GR®34, je me suis dit : « Si je prends un an pour faire le point, autant aller plus loin que la Bretagne. » C'est comme ça qu'est née l'idée de faire un tour de France, mais uniquement par les GR®.

 

Pourquoi avoir choisi de sensibiliser à la maladie de Parkinson ?

Ça s'est fait en deux temps. D'abord, il y a eu cette envie de faire le tour de France à pied. Ensuite, je me suis dit que si je partais un an, il fallait que ça ait un sens fort. Je voulais m'engager pour une cause et investir du temps pour les autres.

Pourquoi Parkinson ? Parce que ma tante est atteinte de cette maladie. C'est pour elle, pour la soutenir, et pour soutenir tous les autres malades que j'ai voulu m'engager. Mon objectif : que cette maladie soit mieux connue dans notre société.

Crédit photo : Théo Vetil

 

Quel message voulez-vous faire passer au fil de vos pas ?

Il y en a deux essentiels. Le premier : bougez, faites de l'activité physique ! Le lien avec Parkinson, c'est que l'activité physique ralentit la progression de la maladie. En continuant à bouger et à faire du sport, on contribue à lutter contre elle.

Le second message s'adresse à tous : améliorez vos connaissances sur cette maladie pour qu'elle soit mieux acceptée. Beaucoup de gens connaissent son nom, mais très peu savent ce qu'elle provoque au-delà des tremblements.

Tout au long de mon parcours, je collabore avec l'association France Parkinson. On organise des réunions d'information, des conférences animées par des bénévoles, des témoignages de malades, des interventions de spécialistes de santé – neurologues, éducateurs en activité physique adaptée etc. J'ai également pu intervenir moi-même.

 

Vous étiez randonneur avant de partir ?

Plutôt occasionnel ! J'avais déjà fait une itinérance de 5 jours avec des amis dans le Pays basque, sur le GR®10 entre Saint-Jean-Pied-de-Port et Hendaye. Habitant en Bretagne, j'allais souvent me promener sur le GR®34 le week-end avec mes proches.

Mais je viens surtout du trail et de la course à pied. Le GR®34, c'était avant tout mon terrain d'entraînement pour mes trails. À chaque sortie, j'étais émerveillé par les paysages magnifiques du sentier. Ça m'a toujours donné envie de le découvrir dans son entièreté.

 

Crédit photo : Théo Vetil

Comment vous êtes-vous préparé physiquement et mentalement à un tel défi ?

Physiquement, j'avais déjà une bonne base grâce au trail et à l'endurance longue distance. Mon corps était habitué à fournir un effort dans la durée. J'ai ensuite spécialisé mon entraînement sur la marche : deux mois avant le départ, je marchais tous les jours en augmentant progressivement les distances. J'ai commencé par 3 kilomètres par jour pour terminer à 13-14 kilomètres, histoire que mon corps s'habitue à marcher quotidiennement à allure régulière.

Je faisais mes étapes d'entraînement sur les sentiers bretons, notamment le GR®34. J'ai aussi pris soin de mes pieds avec un tannage au citron pour durcir la peau et la rendre moins sensible, et de la crème Nok pour l'assouplir et éviter les ampoules.

Mentalement, il fallait que je sois capable de garder le moral pendant toute l'année, et ça passe par le confort et le matériel. J'allais passer un an dehors, exposé à toutes les intempéries possibles, donc j'ai été très vigilant : bonnes chaussures, bon sac à dos, vêtements imperméables...

Je me suis aussi préparé à toutes les galères possibles : si je suis pris dans un orage, comment je fais ? Si je suis trempé, comment je m'organise ? J'ai essayé d'anticiper un maximum pour savoir réagir. Comme ça, le jour où ça arrive, pas de panique : j'ai une solution. Évidemment, il y a toujours une différence entre ce qu'on imagine et la réalité, mais ça m'a permis de partir beaucoup plus serein.

Mon expérience en trail et en course d'endurance m'a aussi beaucoup aidé mentalement. J'avais déjà entraîné mon corps et mon esprit à relever des défis sportifs.

 

 

Comment avez-vous vécu la solitude pendant cette longue période ?

La solitude a ses avantages et ses inconvénients. On se retrouve seul et on peut marcher à son allure, en écoutant son corps et ses envies. Ça fait du bien de suivre son propre rythme. Mais le revers de la médaille, c'est que le temps peut être très long.

Il m'est arrivé d'enchaîner 4-5 jours à marcher seul, mais j'ai eu la chance d'être rejoint par des amis ou ma famille à plusieurs moments de mon périple. Ça m'a évité d'enchaîner de trop longues périodes d'isolement complet.

Comme je partage mon aventure sur les réseaux sociaux, j'ai souvent de la compagnie pour un bout d'étape : des gens pouvaient me rejoindre de façon spontanée. Et surtout, je dors chez l'habitant ! Ça me permet de créer du lien et de couper avec la solitude de la journée. Des personnes qui suivaient mes aventures me proposaient un logement, ou alors ceux qui m'accompagnaient m'hébergeaient ensuite. Parfois, ce sont des rencontres de hasard durant une étape.

Il y a des jours où c’est plus compliqué et dans ce cas je fais du porte-à-porte, mais j'ai toujours été accueilli chaleureusement. Ça s'est toujours très bien passé.

Crédit photo : Théo Vetil

 

Parmi tous les GR® parcourus, lequel vous a le plus marqué ?

Le GR®10 dans les Pyrénées, sans hésiter ! Étant breton, j'ai un attrait particulier pour la mer, mais j'adore aussi les montagnes. J'y étais en mai, et sur certains sommets à 2000 mètres d'altitude, il y avait encore de la neige – les paysages étaient magnifiques.

L'aspect forestier des Pyrénées m'a aussi beaucoup plu. Les forêts que j'ai traversées m'ont émerveillé. Et presque tous les soirs, je dormais dans des cabanes non gardées ou des cabanes de berger. Ça donne vraiment l'impression d'être dans un monde reculé, ça permet de déconnecter vraiment et de revenir aux choses simples et rudimentaires.

C'est ce qui m'a le plus marqué dans mon tour de France. Ce n'était pas toujours simple – il faut accepter de ne pas avoir un confort complet –, mais c'est justement ça qui m'a plu.

 

Quel est votre plus beau souvenir de cette année de marche ?

C’est difficile de n’en choisir qu’un ! Tous les moments partagés avec mes proches et toutes les personnes qui m'ont accompagné sont gravés en moi.

Si je devais en isoler un, ce serait le jour du départ. Il y avait beaucoup d'émotion parce que c'était le début de l'aventure, et j'avais énormément de proches et de famille pour m'accompagner sur cette première étape.

De façon générale, ce qui m'a toujours touché, c'est la générosité et la bienveillance des gens qui m'ont accueilli. Le fait que des personnes se mobilisent autour du projet – celles qui m'hébergent, celles qui organisent des événements dans les communes que je traverse etc. C'est cette bienveillance qui va me marquer, je pense.

Il n'y a pas vraiment d'événement isolé que je puisse retenir. C'est comme quand on me demande quelle région est la plus accueillante : j'ai toujours été très bien accueilli partout, je ne peux pas en différencier une plutôt qu'une autre.

Crédit photo : Théo Vetil

 

Et le moment le plus émouvant ?

J'en ai vécu énormément ! Le projet en lui-même me faisait rencontrer beaucoup de monde. Parfois, une rencontre de quelques minutes était tout aussi forte qu'une rencontre de plusieurs jours.

Le fait de dormir chez l'habitant m'a permis de vivre des rencontres très émouvantes. Je discute avec les personnes qui m'hébergent, et comme je ne suis que de passage, peut-être que ça les aide à se confier, à s'ouvrir et à me partager leur histoire. Je rentre vraiment dans le cœur des familles qui m'accueillent.

D'un point de vue plus personnel, mon père m'a accompagné pour quelques étapes sur le GR®10. Le jour où notre périple à deux s'est terminé et qu'il est reparti a été très émouvant. On avait partagé de super moments tous les deux, et je me suis retrouvé seul. C'était un peu dur.

 

Avez-vous une anecdote insolite à nous raconter ?

J'ai dormi dans des lieux assez insolites : dans des Ehpad, des casernes de pompiers, chez des bonnes sœurs dans des paroisses…

Une anecdote parlante en revanche : j'ai utilisé 5 paires de chaussures de marche durant mon tour de France !

En fait, tous les jours il m'arrivait des choses un peu insolites auxquelles je ne m'attendais pas forcément, donc en isoler une en particulier, c'est compliqué.

 

Y a-t-il une rencontre qui vous a particulièrement marqué ?

Oui, celle avec Hervé, dans les alentours de la Vendée. J'étais avec mon père qui m'accompagnait pour quelques étapes, et ce monsieur chez qui nous avons dormi avait la maladie de Parkinson.

Ce qui m'a marqué, c'est qu'Hervé a l'âge de mon papa. Il a trois fils qui ont à peu près mon âge. C'était une situation miroir troublante. On se retrouvait dans sa famille et on se demandait comment eux géraient la maladie. Si les situations étaient inversées, comment mon père gérerait-il sa maladie ? Comment moi, en tant que fils, je la gérerais ? On se projetait par rapport à la famille qui nous accueillait.

Ça nous a beaucoup touché de voir leur fonctionnement familial. C'est une famille qui communique énormément, qui reste très soudée. Hervé est une personne qui reste très active, il fait beaucoup de choses. Je dois dire que ça m'a beaucoup impressionné.

 

Qu'est-ce que cette aventure vous a appris sur vous-même ?

Elle m'a appris pas mal de choses ! D'abord, que je suis débrouillard et positif : s'il m'arrive quelque chose, je vais toujours trouver une solution. Elle m'a aussi appris que j'aime beaucoup aller vers l'autre. J'ai besoin d'échanger avec les gens qui m'entourent, d'aider des personnes. J'ai besoin de contact humain pour aller bien et donner du sens à ma vie.

Cette aventure m'a même motivé à changer de voie ! J'étais en études d'agronomie avant de partir, et suite à toutes mes réflexions ces derniers mois, j'ai décidé de me réorienter vers le métier de pompier.

 

Et avez-vous découvert la randonnée sous un nouveau jour ?

Complètement ! C'est un super moyen de découvrir et de voyager, surtout dans notre monde actuel où l'environnement se dégrade, où les surfaces urbanisées grattent de plus en plus d'espace. La randonnée, c'est un moment où on se déconnecte de tout ça, où on est attentif à ce qu'il y a autour de nous, à la nature qui nous entoure, et où on est à l'écoute de soi.

C'est aussi un sport qui permet d'échanger avec les gens, de discuter pour apprendre les traditions de chaque région, des histoires personnelles, des anecdotes locales. Quand on randonne, on a l'impression qu'on ralentit le temps. C'est génial : on peut avancer tout en observant ce qu'il y a autour de nous.

Dans notre monde où tout va très vite, ça permet de freiner et de prendre le temps d'apprécier la vie et des choses plus simples. C'est un peu cliché, mais apprécier un coucher de soleil en mangeant un bout de saucisson, c'est une chose très simple qu'on oublie parfois de faire dans notre quotidien, et qui finalement nous permet de nous déconnecter de nos problèmes.

Crédit photo : Théo Vetil

 

Avez-vous d’autres projets en tête après ce tour de France ?

J'aimerais bien faire le GR®20, passer quelques jours en itinérance dans le Massif central que je n'ai pas pu faire, et découvrir les Cévennes. Je n'ai pas établi de priorité pour le moment parce que je viens de passer une année à marcher sur les sentiers en France. Je vais surtout me focaliser sur mon avenir professionnel une fois cette aventure terminée.

 

Justement, pouvez-vous nous donner des détails sur la fin de votre parcours ?

Toutes mes étapes journalières sont déjà définies. Le lundi 8 décembre, à Saint-Malo par exemple, il y aura un accompagnement à ma marche avec des malades de Parkinson. Le lendemain, il y a aussi un accompagnement jusqu'à la commune de Lancieux dans les Côtes-d'Armor avec un club de marche.

Pour ma toute dernière étape, nous avons organisé avec mes proches et mes partenaires un accompagnement pour différents niveaux. Des bus seront mis en place et chacun pourra choisir à partir de quel endroit il veut me rejoindre et pour quelle distance. Le but : que chaque personne qui décide de me rejoindre franchisse avec moi la ligne d'arrivée !

Et pour tous les participants, une crêpe et un chocolat chaud seront offerts à l'arrivée !


Pour suivre les dernières étapes de Théo et participer à son arrivée, rendez-vous sur ses réseaux sociaux : FACEBOOK et INSTAGRAM

Publié le 04/12/2025