Secrets de rando : le GR® 34, sentier des douaniers
Bordant l’ensemble des côtes bretonnes depuis la baie du Mont-Saint-Michel jusqu'à Saint-Nazaire, en Loire-Atlantique, le GR® 34 est un itinéraire de randonnée exceptionnel. Qu'il s'agisse de la biodiversité qu'il offre à ses passants ou bien de son héritage historique, cette voie littorale est à bien des manières un véritable éden pour celui qui s'y aventure. MonGR revient sur la création de cette route vraiment pas comme les autres.
Une histoire de taxe
Lorsque le randonneur parcourt le GR® 34, itinéraire long de 2 000 kilomètres et bordant le littoral breton depuis la baie du Mont-Saint-Michel jusqu'à Saint-Nazaire, il marche sans le savoir sur plus de 300 ans d'Histoire. Surnommé « le sentier des douaniers », ce GR® 34 reprend en effet le cheminement réalisé par les douaniers du XVIIe siècle dans le but de surveiller l'ensemble des côtes bretonnes...
Tout commence en 1664. À cette époque, Jean-Baptiste Colbert, contrôleur général des finances de Louis XIV, privilégiant la politique industrielle en vertu du mercantilisme au dépens de l'agriculture, décide d'établir des tarifs douaniers élevés dans le but de limiter les importations et multiplier à cet effet les manufactures royales, grandes entreprises auxquelles le roi avance des capitaux et donne des privilèges.
Il met ainsi en place le premier tarif des douanes modernes, le tarif Colbert. Une mesure protectionniste qui fut revue sévèrement à la hausse en 1667 par Louix XIV lui-même envers les Anglais et les Hollandais en particulier, créant au passage une guerre économique suivie d'un conflit militaire. Colbert formait ainsi une nouvelle ligne de douane qui coïncidait presque entièrement avec la frontière du royaume.
Du sentier des douaniers ...
À l'époque et alors qu'une taxation sur le sel était également mise en place (la gabelle), d'intenses trafics de sel existaient aux frontières bretonnes, notamment du côté de Guérande. En cause, le fait que ce produit permettait de conserver les denrées alimentaires. Il était par conséquent un élément stratégique, aussi utilisé comme monnaie d'échange ou carrément comme salaire. On retrouve d'ailleurs le sens étymologique dans salarium en latin qui signifie « ration de sel ». Le sel transitait donc très largement de manière illégale.
En 1791, alors que la gabelle est finalement abolie, le chemin des douaniers apparaît en Bretagne. Il était utilisé par les douaniers chargés d'empêcher toute contrebande le long des côtes. Ainsi et sur 60 kilomètres depuis le littoral jusqu'à l'intérieur des terres, ils percevaient les taxes et surveillaient les Bretons pour qu'ils ne pillent pas les épaves échouées que l'État considérait comme siennes. Mais alors que l'impôt sur le sel réapparait en 1806 sous Napoléon Ier, avant d'être de nouveau supprimé sous la Seconde République (1848-1852), le sentier tombe petit à petit en désuète au début du XXe. En cause, le développement de nouvelles techniques de transport des marchandises rendant obsolète l'utilisation du sentier par les douaniers.
... au GR® 34 !
En 1967, alors que la nature reprend peu à peu ses droits du côté du littoral breton, le service d'études et d'aménagement en espace rural souhaite étendre le réseau des GR® déjà existants en France. Employé à Jeunesse et Sport et Président régional des Auberges de Jeunesse, Emile Orain devient le référent dans l'aménagement du sentier côtier qui deviendra le GR® 34.
L'objectif premier était de relier quelques hébergements en bordure de mer et dans l'intérieur, puis de baliser ces itinéraires. À cette époque, il existait des parties du sentier des douaniers, mais les accès étaient réduits. Les bénévoles du Comité National des Sentiers de Grande Randonnée (qui deviendra FFRandonnée en 1978) s'activent alors à faire renaître cet itinéraire historique et redoublent d'efforts, à coups de pelle, de serpe et de faucille en faisant du sentier des douaniers un véritable sentier côtier. Mais ils se heurtent à un problème : le sentier des douaniers n'existe pas partout.
Un vaste programme s'engage alors en 1976 pour ouvrir aux piétons un passage le long du littoral. Ce passage trouve son fondement juridique par la loi du 31 décembre 1976 instituant sur l'ensemble du rivage français la Servitude de Passage des Piétons le long du littoral. La mise en œuvre de cette servitude a permis une avancée majeure pour le développement de la promenade et de la randonnée sur le littoral, exclusivement pédestre et respectueux de l'environnement.
Reliant à ses prémices Beg-Léguer à Pors Mabo, près de Lannion (Côtes-d'Armor), ne pesant qu'une dizaine de kilomètres, le GR® 34 longe aujourd'hui sur 2 000 kilomètres l'ensemble des côtes bretonnes depuis le Mont-Saint-Michel, point de départ du sentier depuis 2017. Par la suite, le randonneur rejoint Saint-Malo, puis Saint-Brieuc avant de gagner la côte de Goëlo et de Granit rose. Le Trégor lui expose ensuite hautes falaises et plages de sable fin. Après avoir traversé le chemin des Phares, vient ensuite la presqu'île de Crozon, Douarnenez et son célèbre kouign-amann, puis la côte de Cornouaille. Le randonneur pourra alors faire une halte à Lorient, juste en face de l'île de Groix, seule île d'Europe à disposer de plages convexes ! Enfin, c'est le Golfe du Morbihan, le Parc Naturel Régional de la Brière et Saint-Nazaire qui clôture l'aventure bretonne du GR® 34.
Rédaction MonGR
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